Cher Emmanuel,
Jamais je ne me serais permis de vous appeler par votre prénom, mais comme vous l’avez fait déjà à deux reprises avec moi (voir prises écran), je me dis que cela doit faire partie de votre mouvement « En marche ! ». En marche pour la proximité, en marche pour le copain-copine, en marche pour le « je suis un mec cool, nouveau, jeune », alors, allons-y.
Cher Emmanuel, quand j’ai su que vous veniez nous rendre visite à Quimper pour l’un de vos nombreux meetings, j’ai quasi immédiatement eu envie de venir vous voir. Pas que je sois fan de vous, ni que je sois contre vous, mais vous êtes un homme qui suscite chez moi assez de curiosité pour me faire rater une soirée tranquille au près du feu. Et puis je n’avais jamais assisté à un meeting et, toujours par curiosité, j’avais très envie de voir comment cela se passait.
De la curiosité donc. Et vu l’univers politique que l’on m’offre depuis que j’ai l’âge de voter, j’avoue que c’est déjà un énorme point positif. À force de nous jeter des regrets, des exaspérations, des révoltes à la tronche, la politique nous rend de plus en plus indifférent. On vous regarde tous comme des pantins qui s’agitent, qui brassent un air de moins en moins respirable, qui veulent en avoir une plus grosse que l’autre (ne vous méprenez pas, je parle évidemment de la force, de la domination, de l’influence, de la toute-puissance…), et tout cela en faisant à peine mine de nous regarder dans nos vies.
Alors susciter une once de curiosité, c’est vrai que c’est déjà pas mal. C’est vrai que c’est déjà beaucoup.
En marche donc pour le Pavillon de Penvillers, après avoir laissé mes deux filles avec la baby-sitter spécialement appelée pour pouvoir venir vous voir.
Cher Emmanuel, je ne sais pas du tout si cela se passe comme cela à tous les meetings, mais je vous avoue que j’ai été impressionnée. Un monde de dingue. Trois ans pour trouver une place de voiture, et une file…. !!! une file de ta-rés !! On se serait cru à un concert des Rolling Stones ! Même pour le festival Insolent (festival reggae) ou tout autre concert/spectacle, je n’avais jamais vu ça à Quimper. Alors c’est sûr, on ne peut pas dire que les sorties quimpéroises pullulent… mais quand même je doute que les finistériens se soient déplacés uniquement par manque de sorties culturelles.
.@EmmanuelMacron en meeting à #Quimper, c’est pire qu’un concert des #RollingStones ! File de 1875 km ! pic.twitter.com/wue91Ysv0D
— Delphine Jory (@Ladyblogue) 16 janvier 2017
Même si la longue file augurait une longue attente (dans le froid, sans un p’tit sandwich merguez pour se réchauffer), j’étais quelque part assez contente de voir tous ces gens s’intéresser à l’avenir de leur pays.
Un jeune homme passe devant la file et demande à un couple devant moi si il y a une queue pour ceux qui se sont inscrits sur le site web. Je m’étais inscrite sur le site web, alors je tends l’oreille. Ça doit être ça, évidemment, il doit y avoir un accès plus rapide pour celles et ceux qui ont pris le temps de s’inscrire sur le site internet « En marche ! ». On a bien laissé nos coordonnées pour quelque chose. Ça ne doit pas être uniquement pour nous choper notre mail, nous balancer dans votre fichier, pour pouvoir nous envoyer votre com’. Non… ben si.
Un homme du staff passe et confirme qu’il y a une seule et unique file. Ceux qui se sont inscrits ne vont donc pas plus vite. On a donc laissé notre mail uniquement pour que vous utilisiez nos « données pour des opérations de communication politique et de dons ». Évidemment, vous nous précisez « En application des articles 38 et suivants de la loi du 6 janvier 1978, vous bénéficiez des droits d’accès, de rectification, de suppression et d’opposition aux informations vous concernant. Vous pouvez exercer ces droits en nous écrivant à l’adresse : contact@en-marche.fr ou En Marche – BP 80 049 – 94801 Villejuif. »
Mais combien vont le faire ? Bien joué Emmanuel, bien joué. Ouais… ça partait déjà mal dans ma tête. Je n’avais pas demandé à m’inscrire à votre newsletter, j’avais juste demandé à m’inscrire à votre meeting.
Et puis ça a continué.
Au bout d’une heure d’attente, un homme à la voix grave nous hurle « LES FEMMES À GAUCHE !!! LES HOMMES À DROITE !!! ». Oui, c’était pour la fouille. Les femmes se font fouiller par des femmes, les hommes par des hommes, ok ok. Mais la fouille des femmes demande plus de temps (les sacs à mains, certainement), les hommes passent plus vite. Il aurait fallu prévoir plus de vigiles femme. Logique. Parce que toi, si tu viens en couple, à deux, avec ton mari, ton père, ton frangin ou un pote, te voilà séparé de lui. Et tu continues à faire la queue (longue) (très longue) toute seule.
Une longue queue. Une longue attente. Tout cela pour s’entendre dire, au bout de plus d’une heure, « Désolé, il n’y a plus de places. »
Du monde devant moi. Du monde derrière moi. Oui, il reste beaucoup de monde. Quasi autant de monde que quand je suis arrivée. Un peu ballot que le staff ne prévienne que maintenant alors que ceux de tout au fond étaient assurés de ne pas rentrer… Plus de 1000 personnes sont restées dehors.
J’avais pourtant fait la bonne élève. La citoyenne obéissante. Je m’étais inscrite sur votre site, j’ai laissé mes coordonnées, j’ai réservé une baby-sitter qui m’aura coûté 25 euros, j’ai attendu, attendu, longtemps et tout cela pour rien.
Alors voilà cher Emmanuel, j’avais envie de vous voir, vous écouter. J’avais envie. J’avais besoin. J’avais besoin d’étancher ma curiosité, avec peut-être au fond, l’espoir d’un élan – aussi infime soit-il.
La politique et les rendez-vous manqués. Cela résume assez bien l’état d’esprit des français. On a des espoirs, on attend, on attend, on attend et au bout du compte, ça tombe à l’eau.
J’ai voulu venir vous voir à un de vos meetings et j’ai fini dans un restaurant indien.
Vouloir aller voir @EmmanuelMacron et finir chez l’indien.#quimper pic.twitter.com/iN7IfXmQtc
— Delphine Jory (@Ladyblogue) 16 janvier 2017
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Donc si j’ai bien compris, Emmanuel a la plus longue… file !