Ilan Halimi.
2006-2016.
10 ans déjà.
Quand j’ai lu sur Facebook le commentaire de mon ami Y. sur le livre « Tout, tout de suite » de Morgan Sportès, je n’avais pas fait le rapprochement avec l’histoire d’Ilan Halimi. Les mots de Y. étaient si forts que j’avais acheté ce livre sans me renseigner, je savais que ça allait être une lecture difficile.
En tournant les pages, le personnage d’ »Elie » prenait les traits d’Ilan. J’allais donc plonger pendant 423 pages dans ce « fait divers »… Dans cette affaire abominable que l’on a tous suivi il y a 10 ans de cela, l’affaire dite du « gang des barbares » où Ilan Halimi, 24 ans, a été enlevé puis séquestré et torturé à mort, juste parce qu’il était juif.
Morgan Sportès propose ici un livre entre le roman et le documentaire, entre le roman et le rapport de police, entre le roman et le rapport médical.
L’auteur balance l’autopsie d’un événement. Son écriture clinique est poussée jusqu’à son paroxysme.
On vit au rythme des heures, des coups de fils, des coups de poings, d’une pauvreté intellectuelle effrayante, d’une société en perdition… mais je cherche et tente de me persuader que le chômage, l’inculture, la non-éducation, … – même si ce sont des facteurs destructeurs – ne peuvent pas réussir à en arriver « là ».
Et c’est bien là ce qui m’a déstabilisée. Presque honteusement.
J’oscillais entre ma compréhension de cette démarche – celle de relater ces faits trop froids rendant la vérité à sa stricte nudité – et mon inexorable besoin de sens humain.
Le livre de Morgan Sportès – parce qu’il est le compte-rendu implacable de l’histoire d’Ilan Halimi – ne pouvait réunir ces deux notions. L’histoire d’Ilan Halimi est inhumaine.
Le livre terminé, comme une recherche supplémentaire, j’ai embrayé le soir-même sur le film du même nom, film de Richard Berry. Comme si cette barbarie d’encre et de papier ne me suffisait pas. Il me fallait « lire » une autre vision, un autre angle, une autre lecture. Je voulais comprendre. Ne pas rester avec ce livre et son scalpel.
Je n’aurai pas dû. Un film met des images parfois pires que votre imagination. Et mon imagination en termes de barbarie est assez limitée. Celle des protagonistes du Gang des Barbares est bien plus élevée.
Livre, film… je n’ai toujours pas compris.
J’en reviens à me dire que la barbarie ne se comprend pas.
La barbarie est inhumaine.
Et quand je déprime vraiment, je viens même à me dire qu’elle est, au contraire, peut-être trop humaine.
« Tout, tout de suite » de Morgan Sportes
– Prix Interallié 2011 –

Ilan Halimi.
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