Cela fait maintenant plusieurs mois que je pense à ce billet. Plusieurs mois que je tourne en rond autour de ce papier. D’habitude, il me suffit de m’asseoir face à ma feuille, de poser mes yeux dessus et mes mains bougent d’elles-mêmes. Ça sort naturellement. Mais là je ne sais pas. Je ne sais pas si ça vient du fait qu’en ce moment tout est un peu difficile à sortir ou si c’est le sujet en lui-même qui me complique les mots.
Quoi qu’il en soit en soit, l’heure tardive aidant, je me lance car ça fait trop longtemps maintenant que je veux voir parler de la Terre en marche.
La Terre en marche, c’est le nom d’une association créée en novembre 2013 par Jérôme et Sabina Bergami. Ce couple mi-breton mi-roumain a décidé de parcourir environ 8 000 kilomètres à pied (j’ai bien écrit « à pied ») sur une durée de 2 ans.
Leur itinéraire : la Via Egnatia (qui relie Durrës, en Alkbanie, à Istanbul) et la Route de la Soie (depuis Istanbul jusqu’en Chine). Ils sont partis en emportant avec eux de la terre provenant des cinq continents.
Objectif : partager cette terre avec celle de chacun des pays traversés, en signe de paix, de fraternité et de respect entre les hommes et les cultures.
« Notre action s’effectuera principalement au sein d’établissements scolaires parce que nous pensons que c’est là où se bâtit l’éducation des nouvelles générations que la simplicité et la profondeur de notre message doivent être le mieux entendues. Notre marche, les valeurs qu’elle porte, doit être l’occasion pour les enfants de poser un regard différent sur le monde qui les entoure. Ces rencontres et ces cérémonies de partage seront pour nous l’occasion de mettre en lumière les valeurs qui nous portent. »
Jérôme et Sabina peuvent passer pour des illuminés, pour des « babs », pour des « utopistes ». Oui, peut-être. Parce qu’on est tous dans nos rythmes de vie, devant nos ordinateurs, nos facebook et nos twitters. Nous sommes en train de regarder les infos avec ces bombes qui éclatent sous nos yeux, dans nos bars, dans nos rues et dans nos écoles. Nous regardons ces bateaux qui dégueulent de corps désespérés. Nous regardons nos voisins d’un air suspicieux. Cloisonnés dans nos rythmes de vie. Nous sommes souvent rongés par la culpabilité de ne rien pouvoir faire contre tout ça. Rien « pouvoir » faire ? Non. Plutôt ne rien faire pour pouvoir…
Moi qui ai connu Jérôme pendant des années, moi qui ai connu, vu, appréhendé et compris sa peine et son mépris envers ce monde qui part en l’air, j’ai toujours su qu’il était/serait incapable d’être dans ce schéma-là. Il lui fallait à tout prix apporter sa pierre – ici sa Terre – à l’édifice. Faire de sa vie une vie de sens, d’échange et de spiritualité.
Cela a toujours été en lui. Alors après avoir cherché longtemps sa voie en se demandant quoi faire de cette vie précieuse, de cette vie offerte, longtemps tirailler entre « rentrer dans les rangs » ou « vivre sa putain de vie », il était impossible pour lui de ne pas se consacrer au Monde, de ne pas se consacrer à l’Homme.
« Avoir le goût du voyage, pas le goût du tourisme, je parle du goût du voyage. »
La terre en marche est un véritable défi humain et sportif à la fois. Jérôme et Sabina traversent des pays entiers, sous la neige, sous le cagnard d’Albanie et de Grèce, avec juste un sac à dos et une bourse de terre, sans savoir chaque jour où dormir le soir. Équipements assez pauvres pour un enrichissement qui n’a pas de prix.
Jérôme et Sabina sont de vrais aventuriers du monde et de l’humain. Des vrais chercheurs de paix et d’espoir. Des explorateurs spirituels.
Je vous invite vraiment à découvrir, à lire et suivre leur périple sur leur site et/ou sur leur page Facebook. Vous pouvez aussi, de votre fauteuil, les aider à accomplir leur projet (RDV sur la page d’accueil de leur site).
Je vous invite également à lire les écrits de Jérôme. Parce que Jérôme c’est une telle sensibilité, une telle lucidité, qu’il a une plume instinctive et universelle.
Jérôme, c’est certainement celui qui m’a donné envie d’écrire. C’est lui qui m’a fait découvrir la Bretagne, c’est lui qui m’a fait découvrir la poésie, une bonne partie de la littérature, qui m’a fait découvrir Xavier Grall et tant d’autres choses encore. Sans Jérôme, il n’y aurait sans doute jamais eu ce blog et je ne serais sans doute pas devenue la femme que je suis aujourd’hui.
Jérôme et Sabina, bravo pour ce que vous faites. Je suis admirative.
Je vous embrasse.
Une vidéo d’une de leurs intervention dans une école (ici à Ankara).
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