Hier matin, j’ai failli mourir.
Ca fait vraiment une drôle d’impression de frôler la mort. « Drôle » est une expression étrange , parce qu’en fait, ça n’a pas été drôle du tout.
Frôler la mort est même quelque chose d’extrêmement désagréable.
Se sentir bien, écouter la bonne musique d’Avener dans sa bagnole, sentir que le printemps arrive grâce au ciel bleu et au soleil lumineux et puis BOUM, un gros camion qui vous grille la priorité à un rond-point. Tout se fige, un peu comme dans le film Matrix. On a l’impression d’un instant suspendu, même la musique s’arrête.
Je ne sais plus si j’ai freiné ou accéléré, si le camion a freiné ou accéléré… Je me souviens de l’avoir frôlé de près, de trop près, la mort avec. Une sorte de package inéluctable, l’un n’allant pas sans l’autre.
J’ai mis plusieurs minutes (heures…) à « retomber ». A comprendre que oui, j’étais toujours là. Que j’avais failli ne plus l’être.
Hier matin, j’ai failli mourir. Mais je ne suis pas morte. Ce n’était pas mon heure. D’ailleurs, on devrait plus parler de seconde que d’heure… Ce n’était pas ma seconde.
Je suis toujours vivante. Est-ce qu’il y a quelqu’un là-haut qui prend un malin plaisir à jouer avec nos nerfs ? Quelqu’un qui tient à nous rappeler que l’on n’est rien, que l’on ne décide rien, que l’on ne maîtrise rien, ou alors pas grand-chose… ou pas des trucs vraiment importants en fait.
Je n’ai pas besoin de ces coups de stress pour avoir la conscience de ma petite condition humaine. Je l’ai suffisamment chaque jour. Bien assez. Mais hier matin, un peu plus que d’habitude. Parce que d’habitude c’est mon cerveau qui me balade, qui s’approche de cet état de conscience. Hier matin, c’était mon corps tout entier. Une fraction de seconde où c’est lui qui a senti. Comme pendant ces crises d’angoisse qui vous secouent le sang.
Il y a plein d’instants qui vous rappellent que vous êtes vivants. Quand vous vous trouvez face à l’océan, quand l’Autre vous embrasse pour la première fois, quand votre enfant s’endort dans vos bras, quand vous riez aux larmes de vos propres bêtises, quand vous mangez des fraises au sucre… Il y a plein d’instants comme ça.
Mais les instants qui vous rappellent que vous êtes vivants comme celui d’hier matin, ceux-là, je ne les aime pas du tout.
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essai