On a eu des « Je suis Charlie » partout. Par-tout.
Sur l’Arc de Triomphe à Paris, dans le métro, dans les gares, sur les autoroutes, sur les tickets de caisse, sur les théâtres, dans les aéroports, dans les rues…
Partout. En France et dans le monde entier.
En plus de la liesse citoyenne, beaucoup d’entreprises ont souhaité, à leur manière, rendre hommage à Charlie Hebdo et à la liberté d’expression. Beaucoup d’entreprises, mais pas toutes.
En tous les cas, à Quimper, pas des masses.
J’ai pu rendre compte à deux reprises.
Tout d’abord le jeudi, jour qui a suivi l’attentat de la rédaction du journal. Sur les réseaux, beaucoup de personnes, de Quimper et sa région, s’étonnaient, se plaignaient, de n’avoir pas eu d’informations, de soutien dans leur entreprise. Peu – très peu – (qui ?) de sociétés privées ont proposé à leurs employés de faire la minute de silence. Proposé ou au moins précisé que ceux qui souhaitaient la faire pouvaient la faire. Du coup, beaucoup n’ont pas osé, beaucoup l’ont fait dans leur coin, seul. La minute de silence a pour vocation de nous recueillir, ensemble. D’avoir une pensée commune pour ceux qui sont morts, pour ceux qui ont soufferts. « Ensemble ». « Pensée commune »… Le silence, simultané, commun, apporte une grandeur, un poids à la démarche. On avait beau avoir nos « Je suis Charlie » sur nos lèvres, sur nos vestes, sur nos pancartes, beaucoup d’entre nous ont fait cette minute de silence, seuls, dans leur coin. Paradoxe étrange.
Et puis, il y a eu dimanche. La marche républicaine. Une marche qui a rassemblé plus de 25 000 personnes à Quimper. J’y étais. J’ai suivi le parcours. Et là encore j’ai été étonnée. Pas un seul « Je suis Charlie » sur les vitrines des commerces quimpérois. Les deux seuls, sur le parcours, ayant affiché leur soutien, ont été la rédaction du journal Le Télégramme et la rédaction du journal Ouest-France. Les deux « Charlie » d’entreprises que j’ai vus. J’ai trouvé ça étrange. Il y a les chaînes de magasin (les Célio, les Pimkie, les Catimini, toussa…), il y a les banques (Société Générale, BNP, toussa toussa) et il y a les commerces indépendants. Devrions-nous penser que les premiers et seconds ont reçu un message de leur direction de ne manifester quelconque soutien ? Mouais. Et les troisièmes ? Ceux qui avaient le choix, ce qui pouvaient décider eux-mêmes ? Pourquoi n’ont-ils pas affiché leur soutien ?
Alors évidemment, personne n’est obligé de soutenir quoi que soit. Et ce n’est pas parce qu’on ne met pas un « Je suis Charlie » sur sa vitrine qu’on n’est pas solidaire. Et, oui, dimanche dernier, il devait y avoir beaucoup de commerçants à marcher dans les rues de Quimper.
Les gens étaient dans la rue me direz-vous et c’est là le principal. Certes.
Mais ces deux absences – l’absence d’information, de permission – au sein des entreprises le jour de la minute de silence et l’absence de « Je suis Charlie » dans le paysage économique quimpérois – n’ont fait qu’enfoncer ma tristesse.
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