Entre soi

CI-GÎT FLEUR, SON COCHON D’INDE

9 septembre 2014

À la base, elles auraient voulu avoir un chat. Mais c’était pas possible, je suis allergique. Je pleure, j’ai les yeux tout rouges et j’ai du mal à respirer. Du coup, c’était des cochons d’Inde.

Après avoir fait les tests chez l’allergologue, il y a 3 ans quasi jour pour jour, j’ai dit oui. Un cochon d’Inde chacune. Les filles étaient aux anges. Fleur et Pâquerette faisaient à présent partie de la famille aux mêmes titres que Cheese et Carotte, les doudous.

Je ne connaissais pas ces petits animaux, j’avais dit oui uniquement pour faire leur plaisir, m’asseyant sur tous les côtés négatifs de la chose : les poils, changer régulièrement la cage, et sur le fameux « comment on fait quand on part en vacances ?« , toussa, toussa.

Fleur est morte samedi.

Fleur, c’était celle de ma cadette qui va avoir 7 ans dans quelques jours.

Fleur est morte sur ses genoux, dans la voiture, au retour de chez le véto. On avait bien vu le matin qu’il y avait quelque chose qui clochait mais c’était trop tard.

Son cochon d’inde est mort sur ses genoux.

Elle et sa sœur ont été confrontées pour la première fois à l’inexorable route, à la petite existence de chacun d’entre nous. Et moi j’ai été confrontée à la terrible impuissance d’une maman perdue dans l’immensité des questions formulées.

D’habitude, on trouve toujours quelque chose à dire pour consoler. Un jouet perdu, on va en racheter un. Un gros bobo, on va soigner, ça va guérir vite. Une fâcherie avec une copine, vas la voir, dis-lui tes sentiments et tu verras, ça va s’arranger…

Mais quoi répondre à « Je ne veux pas que Fleur soit morte ? »

Quoi répondre de consolant ? Le paradis des cochons d’Inde avec des salades et des fleurs de pissenlits gargantuesques, le calme après la souffrance, elle est mieux là où elle est…

« Je veux la garder dans ma chambre, pour toujours… Hein maman, je peux la garder dans ma chambre…« … Et là dire que ça n’est pas possible, sans entrer dans les détails glauques, qui pourraient rester graver quelque part dans leur mémoire d’enfant,  tenter d’expliquer le pourquoi demandé des centaines et des centaines de fois,

Jongler entre vérité cinglante et vérité adoucie au maximum.

Et se sentir incapable de soulager une peine, comme désarmée de tout.

Alors, on cherche tant bien que mal les bons mots et on finit par aller chercher une petite boîte à chaussures dans le garage, on finit par creuser un trou dans le jardin – une fois l’emplacement voté à un conseil bien organisé – et à préparer et vivre une cérémonie funèbre.  Dire un dernier au revoir, couvrir l’animal de marguerites et de fleurs de pissenlit, faire une dernière caresse, avoir le droit à un « Maman, quand tu seras morte, tu seras toute raide aussi ?« , fermer la boite, recouvrir de terre et poser un petit bouquet de lavande.

Une étape de plus a été franchie.

Une putain d’étape.

Au revoir Fleur.

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RETROUVEZ-MOI SUR

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2 Comments

  • Reply Maud 9 septembre 2014 at 10 h 11 min

    Moi mon second a été confronté à la mort de mon père il avait 3 ans 1/2…… Donc plus qu’un animal c était un être humain.
    Petitchéri lui a été confronté à entendre le mot mort quand il était à l hôpital pour sa propre personne car il était très malade (il me disait maman je ne vais pas mourir hein…) il avait juste 3 ans. Et depuis nous avons perdu 2 lapins…. Ce fut des tonnes de larmes pour les 3…..

    • Reply Ladyblogue 9 septembre 2014 at 21 h 05 min

      Ton commentaire….. Envie de te faire un câlin……

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