Quand Aurélia, la chargée de com’ du Théâtre de Cornouaille, m’a parlé du spectacle FAIR-PLAY, je n’avais pas du tout identifié Patrice Thibaud.
C’est en rentrant chez moi le soir, quand j’ai cherché sur Google, que je suis tombée sur des vidéos du festival de Montreux, que j’ai reconnu sa tête. J’avais déjà vu ce mec-là à la télé. Et oui, j’en avais un bon souvenir. Patrice Thibaud, ex-Deschiens, enchaîne les spectacles au théâtre depuis des années. Ses prestations sur Canal+ dans 20h10 Pétantes aux côtés de Stéphane Bern ont été fortement remarquées.
J’ai regardé plusieurs vidéos et je me suis dit qu’effectivement, en allant voir FAIR-PLAY, j’allais passer un bon moment.
RDV sur le parvis du théâtre avec mes quatre invités : Loïc (tiens, avec une barbe cette fois-ci), Stéphane qui avait déjà vu Patrice Thibaud sur scène dans Cocorico, Gwenn et sa sauce à la tomate (private joke) et Annelise (alias Adriana).
Toujours un immense plaisir de rencontrer des lecteurs du blog…
Bonjour, c’est cool que vous soyez là, merci pour l’invit’, tu fais quoi dans la vie, toussa toussa et zou, dans la salle, devant le rideau rouge, à quelques mètres de la scène.
Un piano noir. Patrice Thibaud entre en scène suivi de son (formidable) acolyte Philippe Leygnac. Visuel dépouillé, costumes épurés, le noir et blanc domine. Élégance.
Pendant pratiquement 1h30, Patrice et Philippe vont enchaîner les mimes, le tout sur le thème du sport. Tout y passe : tennis, équitation, boxe, athlétisme, escalade, GRS (un baiser à Greta), foot, natation synchronisée…
Le mime.
Patrice a cette capacité incroyable de pouvoir tout mimer sans rien du tout. Juste lui, son corps, ses mains, ses yeux, ses jambes, son visage.
On sort parfois de certains spectacles en se disant « ça c’était bien, mais ça, j’ai moins aimé ». Avec FAIR-PLAY, le truc, c’est qu’on aime tout. On a forcément des coups de cœurs bien sûr, mais on aime tout. Car en fin de compte, les coups de cœur sont extrêmement nombreux.
La scène où Patrice Thibaud mime un cavalier sur son cheval est stupéfiante. Nos yeux voient l’homme, l’artiste et la seconde d’après, hop !, ils voient le cheval. En fait, c’est ça le truc : Patrice Thibaud joue avec nous. Un véritable ping-pong visuel. Une seconde, on voit l’acteur, une seconde, on voit la personne/l’animal/la situation qu’il mime et ainsi de suite. Notre cerveau fait des allers-retours entre le réel et l’irréel, entre le vrai et l’imaginaire. Jouissif.
On est tour à tour bluffés, conscients de ce qui se passe devant nous, puis emportés par une fantaisie drôle, très drôle, souvent poétique.
Je pense alors à De Funès, je pense à Benny Hill, je pense aux clowns. Je pense même à Barbidur, le Barbapapa de couleur rouge qui aime le sport ! C’est ça, Patrice Thibaud est un Barbapapa ! Comme eux, il a la capacité de changer de forme à volonté ! Huub Huub, Barbatruc ! En un clin d’œil, il devient cheval, perruche, femme, samouraï, africaine, mec bodybuildé… Patrice Thibaud peut tout mimer.
Le spectacle se termine, la salle conquise se lève devant ces deux bonhommes. Les applaudissements n’en finissent pas.
La salle se vide petit à petit.
RDV au bar, un cidre, en attendant qu’il arrive.
« Bonsoir, c’est vous qui devez voir Patrice ? »
Patrice Thibaud arrive, frais comme un gardon, malgré sa prestation de dingue. Serrage de main, on s’installe dans un petit coin du théâtre, fauteuils rouges, lumières tamisées.
L’homme n’est pas farouche. Un visage accueillant, un accent du sud, des mimiques qui font sourire… tout chez cet homme vous met à l’aise.
On échange très simplement. Des centaines de questions me viennent en tête. La première : comment écrit-il ses spectacles ? Comment écrit-on un spectacle de mimes, concrètement ? Pas avec un papier et un crayon, assis à une table. Nan, Patrice doit bouger, avoir un minimum de place, une salle de répèt ou ailleurs, mais il doit pouvoir remuer.
Je sens un Patrice assez réservé malgré ses airs de clown décomplexé. Réservé, peu sûr de lui (« C’est vrai ? Vous avez compris pour la natation synchronisée, j’avais peur que les gens ne comprennent pas ») et hyper perfectionniste. Le spectacle que j’ai vu ce soir était seulement la 14e représentation. J’aurais dit depuis des lustres… On dirait un spectacle d’anthologie. Déjà une référence.
Nous parlons de l’universalité du mime (FAIR-PLAY a notamment été joué en Corée), de son expérience à Canal + où il a joué de 2004 à 2006 plus de 70 numéros, de sa rencontre avec Jérôme Deschamps en 2001 qui lui a fait découvrir ses talents de mime. Nous parlons de mon blog, qu’il a été voir, qu’il a trouvé chouette (« je vous ai d’ailleurs piqué une photo pour mettre sur ma page Facebook, vous ne m’en voulez pas, hein ?!? »), nous parlons de sa pudeur à faire des scènes un peu « osées » selon lui (qui ne sont pour moi que des scènes bon enfant, drôles, saines), nous parlons du restau où ils vont manger après (« vous voulez venir avec nous ? »).
Le vouvoiement disparaît, le tu s’impose.
Je propose une photo. L’enthousiasme de Patrice m’étonne. Il regarde autour de lui, cherche le bon endroit, la bonne lumière. On nous shoote. Patrice veut vérifier si la photo est bien, pas pour voir si il a une bonne tête dessus, il veut juste s’assurer qu’elle n’est pas floue, que je pourrais en faire quelque chose. Il veut qu’on recommence, dans un autre endroit. « Trop exposés… la lumière ne va pas… ». Il me fait rire. Cette attention et ce temps qu’il prend me touchent beaucoup. Re-shooting, sur les fauteuils rouges cette fois-ci.
Il est temps de se dire au revoir. La poignée de main du début laisse place à l’embrassade.
Le lendemain, nous nous recontacterons, nous échangerons nos portables. Le lien est là.
A l’heure où je publie cette note, Patrice se prépare à sa seconde soirée au Théâtre de Quimper. Je suis convaincue que les gens se diront à la fin du spectacle exactement ce que je me suis dit : « Ce mec-là est incroyable« .
Retour sur mon partenariat avec le Théâtre de Cornouaille.
2 Comments
C’est dingue de voir ces supers artistes être aussi réservés dans la vie , j’ai juste un regret , ne pas l’avoir félicité en lui serrant la main(timidité) :/ ! et bravo à toi pour ces articles qui touchent au but! lLes Barbapapas , c’est tout à fait çà ! au plaisir d’une prochaine fois !
Une soirée extraordinaire: une performance OLYMPIQUE! Bravo à Patrice Thibaud et Philippe Leygnac pour ce moment d’activation intense des zygomatiques!