Je la dépose à l’école. Ca y est ce sont les vacances. C’est son dernier jour. Mais aujourd’hui, c’est différent. C’est son dernier jour d’école, certes, mais c’est aussi son dernier jour à la maternelle. Je l’avais réalisé, oui, et je savais que ça allait me faire un pincement au cœur. Mais pas à ce point. Voilà que les larmes me montent aux yeux. Je quitte cette maternelle du Quinquis que j’aime tant en tentant de retenir des larmes qui me surprennent. Je me dépêche, baisse la tête en ayant peur de croiser un parent, j’accélère le pas pour aller me réfugier dans ma voiture, sur le parking.
Me voilà seule.
Je me sens con. Je pleure. Seule dans ma bagnole. A chaudes larmes, les yeux et les lèvres plissés.
Je jette un coup d’œil dans le rétro, je corrige à l’aide d’un kleenex ratatiné le rimmel qui fout le camp. Dans cinq minutes, il faut que je sois à l’agence, allez Delphine, ce n’est pas le moment de chialer.
Je mets la radio en me disant que d’écouter les infos ou une connerie me fera oublier tout ça.
Mais non.
Je respire. Fort. Je remplis mes poumons.
Je repense à ces années, à cet instituteur et directeur de l’école, Erwann Le Bail que j’apprécie particulièrement. Je repense à Gwen, toujours le sourire aux lèvres. Je repense à cette petite école de trois classes, digne des écoles de province… Un joli jardin, des airs de jeux, un préau en bois, une cour avec de grands arbres. Je repense à ces 3 classes, de la petite section à la grande, avec ses petites chaises, ses petites tables, ses murs colorés de dessins drôles et émouvants. Je repense aux kermesses, aux carnavals, aux déguisements de princesse, d’abeilles et de coccinelles.
Un cap à passer.
Je n’ai donc plus d’enfant en maternelle à partir d’aujourd’hui. Et je me souviens du jour où je me suis dit que je n’avais plus d’enfants à la crèche. Même réaction. Et je me dis que cela me fera sans doute la même chose quand je n’aurais plus d’enfants au collège, puis au lycée… puis à la maison.
A chaque fois, un cap.
A chaque fois, une marche de plus pour elles. Une marche de moins pour moi.
Je suis heureuse de les voir grandir mais j’ai si peur des instants perdus…
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Comme je te comprends. Mes 2 moments les plus tristes ont été quand mes 2 garçons sont rentrés en maternelle. Savoir que ces pierres brutes allaient façonnées par d’autres me peinait. Même si tout cela est obligatoire. Et à chaque passage de maternelle en primaire et de primaire au Collège ce fut comme toi un moment finalement pas extraordinaire. L’année prochaine mon grand passe au Lycée. Ce sentiment triste s’estompe bizarrement et j’ai envie maintenant qu’il choisisse sa voie. Juste la même phrase revient : tout cela passe si vite.