Silence.
Moteur.
Ca tourne.
Et ça ne tourne plus.
Soudainement.
Le silence est là.
Revenu.
Criant.
Il est étrange ce silence quand j’y pense. Il change de silhouette, toujours. Transformable. Tantôt apaisant quand les minots courent au loin rugir de toutes leurs forces, tantôt inquiétant quand il s’impose aux milieux des grincements en bois. Parfois excitant lorsqu’il s’installe entre deux mots, parfois agaçant lorsqu’il est le fruit de l’embarras.
Le silence inquiète toujours un peu. Il nous rappelle la force des choses et leur implacable présence. Il nous met face au cœur-métronome et à son irrémédiable destin.
Le silence m’inquiète toujours un peu. Beaucoup. Une émotion inconfortable. Je n’en ai jamais eu l’habitude. Peut-être parce que je ne le connais pas très bien. Je ne sais pas. J’apprends à le découvrir, à l’apprivoiser. Parfois même je me surprends à le chercher, à le provoquer en duel. Ô, pas longtemps, hein, juste quelques secondes, juste quelques minutes. Juste le minimum supportable. Comme un défi, comme une preuve de courage.
Il faut du courage pour affronter le silence. Du courage, oui. Oser sortir de ces torrents de mots. Risquer s’aventurer loin du bourdonnement de notre vie pour prêter l’oreille à nos éclats intérieurs.
Accepter le silence est un signe de contrôle de soi. Il nous dévoile sans détours, il éloigne tous ces bruits qui nous dissimulent. Rien n’est plus parlant qu’un silence. C’est certainement pour cela qu’il m’effraie tant. Autant qu’il m’attire…
Faire de la place aux blancs. Un peu, d’accord. Mais juste un peu alors. A ces espaces qui donnent aux mots une autre amplitude. Accepter le blanc pour mieux digérer son noir. Le blanc comme une ombre nécessaire. On est toujours dans un face-à-face quoi qu’il arrive. Tout et rien. Mojo et fadeur. Bruit et silence. Virtuel et IRL. Noir et blanc.
Impossible pour moi de rester muette comme une tombe. Crier. Besoin de crier pour être calme et tranquille. Je suis comme ça. Je crie donc je suis. Toujours hurler. Foutre la musique à fond. Préférer le crissement d’une rayure au cri assourdissant du silence. Encombrer la parole. Un mot de trop vaut toujours mieux qu’un mot de moins. De la couleur, du panaché, du graffiti, du ramdam, du charivari ! Encore, toujours, partout !
C’est ainsi que j’aime la vie. Je suis une excessive. Et le gris me va si mal…
2 Comments
… et chez moi le silence est une source d’apaisement, limite un besoin quotidien, pourtant j’aime le bordel. J’aime ce billet.
Le silence est le trésor des humbles, savez-vous ?