Tout a été écrit là-dessus bien sûr. Mes mots n’apporteront rien de nouveau. Mais je ne pouvais passer outre. Ce film, « La rafle« , vu hier soir. Comme cet autre film, « Elle s’appelait Sarah », dont je vous parlais ici, succinctement. Succinctement justement parce que l’émotion était trop grande et que mes mots ne pouvaient être à sa hauteur.
Dépassée. J’étais dépassée.
Comme hier soir, ou à chaque fois que je regarde, que je lis, que j’écoute quelque chose sur cette partie de l’histoire. Submergée par des émotions que je ne contrôle plus. Des larmes que je ne peux étouffer.
Le film s’arrête. Je file dans la salle de bains, je me cache. Je veux me cacher. Je ne pleure pas, je chiale. Je ne pleure pas, je sanglote. Je ne pleure pas, je gémis. Je me mouche, j’essuie mes yeux, j’essaie de respirer.
Calme-toi…
Mais je sens que c’est là. La gorge bloquée, prête à se propager tel un déluge. Je monte. Je me mouche encore et encore. J’éteins la lumière. Le noir me va si bien. Impossible de retenir le barrage. Tout lâche. Les larmes encore, les images qui me reviennent, tous ces enfants qui ont tous le visage des deux miens, tous ces gens qui ont tous ma respiration et mon sang. Je suis bouleversée. Je suis bouleversée. Je suis bouleversée. Et je me dis que demain ça ira mieux. Que moi, demain, ça ira mieux. Et cette pensée me bouleverse encore plus. Mon émotion que je sais éphémère – tout du moins à cette intensité – me rend coupable.
Je prends un cachet, tente de calmer mon souffle et m’endors la tête sur un oreiller inondé de désolation.
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11 Comments
Tes posts me touchent toujousr, celui-là ne déroge pas à la règle.
Idem. La boule dans la gorge en tombant un jour là-dessus http://sig.tge-adonis.fr/Paris1942/ Une carte interactive des rafles d’enfants dans Paris. Sauf que là ce ne sont pas des chiffres, mais des adresses et des noms, des prénoms, des vies, des familles entières.
Un des exemples les plus glaçants :
Adresse : 8, RUE ALFRED DEHODENCQ
Nombre d’enfants : 4
Liste des enfants
BAUR, ANTOINE – 6 ans
BAUR, FRANCINE – 3 ans
BAUR, MYRIAM – 9 ans
BAUR, PIERRE – 10 ans
Je ne comprendrai jamais comment on peut faire ça. Et en rire ensuite, quelle que soit la raison. Simplement parce que j’imagine mes gosses dans cette situation. Forcément ça coupe net toute vélléité d’humour supposément noir (ce qui aurait bien marrer Desproges d’ailleurs).
« Une vie bouleversé », Etty Hillesum.
Je n’ai jamais terminé le « journal d’Anne Franck »: trop dur. Il faut dire que je l’ai abordé à l’age ou les profs nous l’avais mis dans la liste des livres à lire en 5ème, je me sentais forcément encore plus proche de cette enfant que si j’avais abordé cette lecture plus tard, mais aujourd’hui j’aurais l’impression que c’est ma fille qui écrit(d’autant plus qu’elle tient elle-même un journal). Z’hom a mis ce film et sans surprise,j’ai pleuré tout du long jusqu’à ce qu’il éteigne heureusement avant la fin.
Ce site est « incroyable » au premier sens du terme.
Sans voix.
…
C’est noté.
Il faudrait que je le relise. Comme toi, je l’ai lu jeune.
J’ai lu Etty Hillesum récemment ; un livre qui m’a été prêté. Deux choses : le rapport au massacre des Juifs et un développement spirituel individuel (par spirituel, j’entends une présence humaine et philosophique au monde). Déroutant. J’ai eu du mal à retenir mes larmes à la lecture de la dernière page. « Je ne t’écouterai plus, Etty, tu es partie pour toujours. »
J’ai lu plusieurs livres relatifs au massacre des Juifs. Jamais je n’ai parcouru de telles pages. Pas de plainte. Une capacité extraordinaire à dire le vécu dans l’individualité (car oui, on parle su massacre des Juifs et on en oublie l’individu : la mère, le vieillard, l’enfant…).
à lire aussi « Inconnu à cette adresse ».
se lit vite et laisse à réfléchir sur l’état d’esprit du moment…
C’est noté, merci !
La cruauté faite aux enfants est insoutenable et révoltante, je m’imagine bourreau dans ces moments là, les obliger à fleurir leurs tombe pour le restant de leurs jours… L’enfant a l’obligation d’être aimé, chéri, protégé, mais la société à les crimes qu’elle mérite.