En passant

S’appeler par son prénom : distance ou familiarité ?

3 novembre 2011

Un ami m’a fait remarqué que rares sont ceux aujourd’hui qui nous appellent, nous interpellent par notre prénom. Et c’est vrai.

Déjà bébé, ca commence. « Loulou », « Ma Puce », « Poussin »… Et certains continuent dans leurs relations amoureuses. « Choupinette », « Mamour », « Patate Douce », « Cocotte »…

Je suis tour à tour Lady, maman, ma chérie, Pénélope, Madame J., Raymonde… selon qui m’appelle : amour, enfants, parents, boss, clients, collègue.
C’est vrai, « on » nous appelle très rarement par notre prénom.

Pourquoi ?
Pourquoi ces appellations impersonnelles ?

L’autre fait-il peur ? Est-ce une sorte de déni d’identité ? Une façon de ne pas voir l’Autre comme un individu au même « titre » que soi ? De placer une sorte de hiérarchie ? Efface-t-on l’existence de l’Autre au profit de sa propre existence, pour se sentir plus fort ?

Ou tout au contraire est-ce pour installer une confidence (imposée), un rituel de l’intime afin de se sentir (et de se faire sentir) proche de l’Autre et ainsi créer une familiarité et sympathie (théoriques) ?

Et même nous, on a tendance à dire, au téléphone, à l’interphone… « C’est moi » au lieu de « C’est Anaïs ». Et  de plus en plus, on gomme notre prénom en nous surnommant nous-même par le choix d’un pseudo. On devient alors @Ladyblogue, @Zurg, @Bat00 ou encore @Sasatouitte.
Est-ce l’occasion de se recréer, de repartir de zéro, de gommer le poids de la généalogie ou de ses proches ; de se créer un autre Moi ? Est-ce une sorte de cache-cache avec soi-même ? Est-ce, à l’instar des célébrités qui s’inventent un nom de scène (Madonna, Zazie, Joey Starr…), pour avoir accès à une autre partie de nous-mêmes ?

Faites le jeu. Testez autour de vous, comptez le nombre de fois où l’on vous « appelle » réellement, par votre prénom. Vous verrez, vous serez étonnés. Et peut-être vous poserez-vous les mêmes questions que moi.

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20 Comments

  • Reply louison 3 novembre 2011 at 8 h 49 min

    J’ai noté que lorsqu’on est petit, nos parents nous appellent par notre prénom quand ils ne sont pas contents ou qu’ils ont quelque chose d’important à nous dire.

  • Reply Ladyblogue 3 novembre 2011 at 9 h 12 min

    Tu remarqueras que cela se vérifie aussi en mode adulte…

  • Reply Ze courlis 3 novembre 2011 at 10 h 10 min

    Ma grand-mère m’a un jour dit que le plus triste de sa vieillesse, c’était que presque plus personne ne l’appelait par son prénom, après la mort de son mari  et au fur et à mesure, de ses amis, elle n’était plus que « madame », « maman » et « mamy »

  • Reply Ladyblogue 3 novembre 2011 at 10 h 43 min

    Triste.
    Super triste.

  • Reply Valérie Pineau-Valencienne 3 novembre 2011 at 11 h 01 min

    Chez nous, c’est plutôt l’inverse : les grands-mères à la mémoire un peu chancelante nous appelaient « mes petites chéries » car elles se mélangeaient les pinceaux avec les prénoms. pas grave, pas triste

  • Reply françois cormier-bouligeon 3 novembre 2011 at 11 h 02 min

    Dis-donc Josiane, tu abuses pas un peu avec tes questionnements ? 😉

  • Reply Ladyblogue 3 novembre 2011 at 11 h 02 min

    Dans ces cas-là, c'est même mignon.

  • Reply Ladyblogue 3 novembre 2011 at 11 h 05 min

    Jamais.

  • Reply françois cormier-bouligeon 3 novembre 2011 at 11 h 11 min

    En tout cas je comprends de plus en plus le besoin et le plaisir de l’alias … Que l’on en soit conscient ou pas, que l’on joue avec ou non, de toute façon … « Je est un autre » !
    http://www.psychanalyse-paris.com/Je-est-un-autre.html

  • Reply Xav 3 novembre 2011 at 12 h 42 min

    Donc, toi, c’est Anaïs ou Raymonde ? Je suis perdu !

  • Reply Denis 3 novembre 2011 at 14 h 56 min

    Dans la sphère privée et familiale, c’est vrai qu’il y a des dérapage, mais au boulot on m’appelle par mon prénom.
    Et pour moi, pas de pseudo sur le web.

  • Reply Ladyblogue 3 novembre 2011 at 14 h 59 min

    Tu emploies le mot "dérapages". Ces autres appellations te gênent donc…?
    Moi, pseudo sur le web. De moins en moins "cachée", mais encore un peu…

  • Reply Mry 3 novembre 2011 at 16 h 33 min

    ‘tain… chuis pas normal… on m’appelle Emery.
    Parfois trou du cul aussi.

  • Reply Ladyblogue 3 novembre 2011 at 20 h 34 min

    les deux mon capitaine !

  • Reply Ladyblogue 3 novembre 2011 at 20 h 35 min

    Ah bah pour le coup, je préfère Raymonde à trou du cul !

  • Reply Blog sextoys 6 novembre 2011 at 10 h 45 min

    IL ne faut pas s’en formaliser, car ceux et celles qui sont appelés par de petits sobriquets sont entourés dans la vie par des enfants, des parents, des amis, des collègues etc. Alors qu’un sans abri, on ne l’appelle pas du tout …

  • Reply Ladyblogue 6 novembre 2011 at 14 h 10 min

    Vu comme ça…

  • Reply Yoann 8 novembre 2011 at 9 h 08 min

    Pour le coup, j’attache beaucoup d’importance à mon prénom. Il est significatif pour moi. Je me suis aussi creusé la tête pendant des semaines pour trouver le prénom de mon fils (Yanis), car je voulais qu’il est un sens et qu’un jour, s’il demande, je puisse lui dire pourquoi il se nomme ainsi.
    Quant à mes articles, j’ai toujours refusé de signer sous pseudonyme, même quand ma rédaction me le conseillait vivement, un entêtement qui m’a valu quelques désagréments (genre menaces de mort… anonymes bien entendu).
    J’ai bien un sobriquet auprès de mes « amis » dans mon exil croisicais. Ils m’appellent « Le furet », simplement parce que j’ai des furets. J’ai rapidement compris que c’était plutôt une marque de reconnaissance, d’intégration, et je m’en suis bien servi pour établir des liens sociaux et des hiérarchies dans mes relations (je n’accorde pas à tout le monde de me nommer ainsi). Comme quoi… Néanmoins, je peux vous dire que personne ici, sauf par provocation volontaire, ne m’appelle ainsi quand j’ai mon fils avec moi. Ma réaction a été sans appel lorsque cela s’est produit.
    Voilà ma petite contribution à ce post qui a suscité ma curiosité.
    Bien à toi,
    Yoann.

  • Reply jean pierre 12 novembre 2015 at 11 h 05 min

    bonjour, et du coup ça veut dire quoi quand une femme nous appelle par notre prénom après une rupture suite à une relation de moins d’un an, je trouve ça space surtout dans un sms ou dans un message vocal, ce n’est pas comme si on ne se connaissait pas… je comprendrais.

    jp

  • Reply Annie Vallée 19 novembre 2021 at 12 h 42 min

    Et si mon conjoint ne dit rien.. Par exemple: Il parle à son frère. Il va dire: »Et toi, Paul, veux-tu du pain? » à moi il dira seulement : Et toi, veux-tu du pain ? » Il ne prononce que très rarement mon prénom.. Je lui en ai parlé, il n’a rien à dire.. que je remarque des détails sans importance.. Ça me refroidi et m’éloigne ce comportement

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