Quand j'étais étudiante en com', j'avais un prof génial. PPF. Je crois qu'on devait être 2 à l'aimer dans tout l'établissement tellement qu'c'était un homme à part. Faussement bougon, faussement inatteignable, piquant, exigeant… bref, c'était la bête noire de tous. Mais moi j'l'aimais bien. Je l'aimais beaucoup.
C'était mon prof d'expression écrite et visuelle. Il nous faisait faire un tas de trucs sympas, cogiter à des sujets qui, pour ma part, me faisaient cogiter bien plus loin qu'une simple réflexion d'un cadre scolaire.
Fan de Gainsbourg, de ses mots, de sa poésie, de sa vie, du bonhomme, c'est dingue comme il pouvait lui ressembler. La cinquantaine, cheveux fins parsemés poivre et sel, avec beaucoup de sel ; barbe de trois jours blanche, une dégaine atypique pour un prof, la gouaille libre et provocatrice. Une sacoche PTT marron en guise de cartable. La clope au bec. Juif.
Les cours de PPF m'importaient, c'était ma respiration. Alors que les autres rêvaient de les sécher, moi, j'avais hâte d'y aller. Et il le
savait.
Il s'était établi une relation spéciale, très curieuse entre
nous.
L'élève qui n'osait pas dire que ce prof l'emballait, et le prof qui n'osait pas dire sa reconnaissance.
On se comprenait.
J'avais d'excellentes notes, mon travail était toujours très apprécié même si je savais qu'il était plus exigeant avec moi qu'avec un autre.
Il attendait pourtant beaucoup de ses élèves, mais moi, il attendait la perfection. Il attendait la réflexion qui l'étonne, la dissert qui le faisait réfléchir, le travail qui lui justifiait son métier de prof.
On était devenu presque proche. Il nous est arrivé de rester des heures au téléphone pour parler d'un cours, d'un livre, d'une pub. Des conversations toujours hautes en couleurs, chacun provocant l'autre ; moi avec ma jeunesse et mes idées fougueuses et lui avec sa sagesse, son érudition et sa réflexion didactique.
PPF
Pierre-Pascal F.
Je ne sais pas ce qu'il est devenu.
La dernière fois que j'ai eu de ses nouvelles, c'était avec une carte postale. Il était à la montagne. Exerçait-il toujours ? Je sais que je n'avais pas eu un bon ressenti ; comme si quelque chose n'allait pas. Mais c'était pas l'genre à se confier, à dire que ca n'allait pas.
J'ai 35 ans. Quand je suivais ses cours, je devais avoir dans les 22-23 ans. J'sais plus trop. Y'a presque 15 ans.
J'ai tenté de le retrouver, d'avoir des nouvelles en tapant son nom sur Google, mais pas grand chose.
PPF.
PPF.
Je pense à vous.
6 Comments
moi j’ai en mémoire mon instit’ du CM2 (je crois que c’était cette classe) : Monsieur Hazé. Une terreur ! il n’était pas loin de la retraite, donc vieille école. Nous balançait des bouts de craies sur le coin du nez lorsque nous nous agitions un peu trop à son goût et donnions une réponse idiote. (il irait en taule aujourd’hui avec tout ce qu’on entend aux infos).
Un midi, avec 3 potes de cours, nous nous étions esquivés du rang qui nous emmenait à la cantine situé dans une autre rue, pour aller chercher des bombecs à la boulang’ du coin. Bien sûr, nous nous sommes fait choper par la soeur fouettard qui a rapporter nos péripéties à l’instit’ et lui avait donner nos sacs de bombecs. Le soir, à la fin de l’étude, on l’a vu traverser la cours, son cartable et notre réserve dans la main, en train de mastiquer un malabar – un de NOS malabars – avec le sourire aux lèvres.
Il doit être parti aujourd’hui, mais je l’aimais bien le bougre.
« nous nous esquivés » : j’ai un doute sur la formule. Enfin on a pris la tangente !
peut être qu’il va te lire va savoir…en tout cas c’est très sympa comme relation et comme souvenirs !
J’espère qu’un jour que tu auras de ses nouvelles…
C’est fou ces gens qui nous façonnent! Ils sont souvent, comme ton prof « sévères mais justes et bons ». 😉
Celui avec qui je m’entendais le mieux, c’était le peintre qui expose chez nous en ce moment… ^^
Un jour la vie nous les ramène…