L’extrême me cherche. Je cherche l’extrême. Je crache sur l’insipide, je n’ai pas de temps à perdre. J’ai la fièvre machinale et le cœur en reflex. Je décortique les images trotteuses et passagères. Je veux le successif dans l’instantané, je veux l’instant perpétuel, je veux l’éphémère en continu.
Il y a des instants que l’on n’oublie jamais. Pas des mois, pas des jours… des instants. Ces instants concentrés où tout se vit, où tout se comprend. Une minute, une seconde où tout se joue. Où l’on est prêt à glisser d’un côté ou de l’autre. En équilibre sur le fil. Une funambule de l’instant, voilà ce que je suis. Je surfe sur l’onde des veines et danse sur le swing des battements. Je prends ma respiration dans les souffles coupés et j’expire en m’abandonnant sur le papier. Ces instants de vie que je recherche tant, qui donnent du sens à l’horizon de mes yeux. Parce que tout est là : dans le sens. Ces instants où nos jambes ne nous portent plus, où le cœur prend le relais de tout, seul attache au reste du monde. Ces regards rouges, ces parfums invincibles, ces tremblements sauvages. Ces paupières salées, ces distances irréductibles, ce sang défraîchi. Ces instants… Ces Polaroïds décisifs que j’aime tant, ces étourdissements électriques que je supplie. L’extrême me cherche. Je cherche l’extrême. Je crache sur l’insipide, je n’ai pas de temps à perdre. J’ai la fièvre machinale et le cœur en reflex. Je décortique les images trotteuses et passagères. Je veux le successif dans l’instantané, je veux l’instant perpétuel, je veux l’éphémère en continu. Le contraire ne peut pas être. Une vie ou une seconde. La route est toute tracée. Il n’y a même pas à hésiter. »
(Texte écrit pour « L’humeur de Ladyblogue », chronique Ouest-France du 12 juin 2013)
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1 Comment
Belle nouvelle présentation 🙂